Mont aux cinq terrasses

06/02/2024

Il était une fois en Chine, il y a bien longtemps et dans la période des Tang, un vieux moine prénommé Wonshi. Wonshi avait décidé de se rendre en pèlerinage au mont Wu-Tai, le mont aux cinq terrasses.

Le mont Wu-Tai qui était et est encore, la demeure du très vénérable Manjushri, le Bouddha de la Sagesse. Mais la route était bien longue depuis le village de Shan pour se rendre au mont des cinq terrasses.


C'était un périple dantesque pour un vieux moine comme Wonshi.

Partit du village de Shan, âgé et faible, il arpenta chaque jour une route poussiéreuse, cherchant l'aumône en chemin.

Des jours et des jours entiers sans même croiser un seul être humain, seulement accompagné par la solitude, le vieux moine Wonshi, pas après pas, marchait et marchait encore, bien déterminé à venir trouver et saluer le Bouddha de la Sagesse.

Or, après de longs mois, un matin, il regarda vers le haut et vit la majestueuse montagne au loin.

Ravi que sa détermination ait guidé ses pas, sur la route sinueuse du mont, il trouva une vieille femme travaillant la terre.

Tout heureux de trouver âme humaine sur son chemin, il s'arrêta pour lui demander :

  • Excuse moi de te déranger, mais je voudrais savoir combien de temps encore je dois marcher pour atteindre le mont ?"

Sur cette question, la femme leva les yeux vers lui et le regarda fixement. Puis, comme de si de rien n'était, elle retourna à son ouvrage.

Un peu surpris et pensant qu'elle n'avait pas entendu, le vieux moine Wonshi, d'une voix plus forte, redemanda :

  • Excuse moi de te déranger, mais je voudrais savoir combien de temps encore je dois marcher pour atteindre le mont ?"

A cette nouvelle question, une nouvelle fois, la femme leva les yeux vers lui et le regarda fixement. Puis, une nouvelle fois, à la grande stupéfaction du vieux moine Wonshi, comme de si de rien n'était, elle retourna à son ouvrage.

Pensant qu'elle était peut-être un peu dure d'oreille, Wonshi s'approcha un peu plus près, pour après lui crier :

  • Excuse moi de te déranger, mais je voudrais savoir combien de temps encore je dois marcher pour atteindre le mont ?"

Mais voila ! Voila qu'à cette énième question, comme les deux premières fois, la femme leva les yeux vers lui, le regarda fixement, puis retourna à son ouvrage.

Cette fois ci, le vieux moine Wonshi en était certain : elle était sourde comme un pot et elle n'avait donc rien entendu.

Et voila comment, sans réponse à sa question, il décida de continuer son chemin.

Quand soudain, alors qu'il avait fait une dizaine de pas, il entendit la femme lui crier :

  • Dans deux jours, vieil homme, vous serez arrivé au mont aux cinq terrasses. Deux jours, ni moins, ni plus."

Un peu vexé, le vieux moine Wonshi s'arrêta alors pour se retourner vers elle.

Puis, l'envisageant avec curiosité, il s'exclama :

  • Je croyais que tu étais sourde ! Pourquoi n'as-tu pas répondu à ma question plus tôt ? Pourquoi m'obliger à me répéter ?"

La femme répondit :

  • Parce que vieux moine, vous avez posé la question alors que vous étiez arrêté sur le chemin. Avant de vous répondre, j'avais besoin de voir la rapidité de votre rythme, à quel point votre marche était déterminée !"

A ces mots, le vieux moine Wonshi sourit, puis l'ayant remercié, il continua sa route vers le mont Wu-Tai.

Quand à la femme qui l'avait renseigné, elle retourna simplement à son ouvrage.



Et c'est ainsi que se termine ce conte.



Alors ?

Alors souvent, nous nous trouvons dans la même situation que le vieux moine Wonshi.

Cherchant à aider les autres et aussi nous mêmes, nous nous demandons pourquoi personne ne vient nous aider sur le chemin ?

Mais justement, sur ce chemin là, le tien, le mien, le nôtre, le vôtre, les autres viennent le peupler, nous montrant notre force et notre détermination.

Certes cela peut prendre du temps, et d'ailleurs cela prends du temps d'atteindre le sommet du mont Wu-Tai. Et oui, car c'est selon le rythme de chacune et de chacun !

Chez certaines et certains cela ne prendra que quelques années pour arriver au sommet mont, tandis que pour d'autres, cela prendra dix, vingt, trente ans, voire toute leur vie.

Mais toi, moi, nous, vous, ne soyons pas découragés !

Allons toujours de l'avant.

Pas après pas, gravissons le chemin qui nous mènera aussi, comme le vieux moine Wonshi, tout en haut du mont aux cinq terrasses.

texte de Cristal


"Lorsque nous ignorons la dimension universelle de nos actions et négligeons le bien-être des autres, il est inévitable que nos intérêts nous apparaissent comme séparés des leurs. Nous ne ressentons pas l'unité fondamentale de la famille humaine. On peut, bien sûr, soulever de nombreuses objections contre cette idée d'unité, et parmi celles-ci les différences de religion, de langue, de mœurs et de culture. Mais quand nous accordons trop d'importance aux différences superficielles et nous fondons sur elles pour établir des distinctions rigides, il en découle un surcroît de souffrance pour nous comme pour les autres. Cela n'a pas de sens. Nous avons déjà suffisamment de problèmes. N'est-ce pas assez de devoir affronter la maladie, la vieillesse et la mort -sans parler de la déception - auxquelles nous ne pouvons échapper ? À quoi bon nous créer par-dessus le marché des problèmes sans objet parce que nous ne partageons pas tous la même couleur de peau ni la même manière de penser ?"

Enseignement de sa Sainteté Tenzin Gyatso, XIVe Dalaï Lama

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